Qui suis-je – que suis-je ?

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Foto: Karlheinz Jardner

Née en 1957 à Belluno, Italie. Études à l’académie des arts plastiquesSchool of Fine Arts“ Addis Abeba, Ethiopie, entre autres avec Sylvie Le Seach (France) et Barbara Tesfaye-Parker (Pologne) de 1993 à 1996. À partir de 1996, participation aux cours en arts plastiques ( portraits et nus ) donnés par l‘artiste et photographe Michael Gnade à l’université populaire. Son atelier lui devient au fil des années un véritable berceau artistique en débouchant sur  la réalisation en commun de plusieurs projets culturels. Depuis 2005, elle dirige des séminaires de dessin et de peinture.

Michael Gnade: Pour moi étant artiste, c’ est un bonheur de savoir la collègue Dina Savi dans notre province. Elle est une femme du monde, notamment au sens biographique: née en 1957 à Belluno / Italie, elle grandit en Suisse de 1965 à 1975; elle vit à Londres et en Allemagne (à Cologne, entre autres) de 1976 à 1988, à Bagdad / Irak et Addis Abeba / Ethiopie de 1989 à 1996, puis à Bensberg. Tout ce que l’ on pourrait raconter de l’ odyssée de sa vie, qui plus est, à présent, de sa carrière d’artiste dans plusieurs continents. Qu’ une petite remarque me soit permise en l’ occurrence au sujet des morceaux d’ académie de Dina Savi puisqu’ ils évoquent en moi des formes de grandeur stylistique qu’on trouve à Venise qui est la ville de Titien, à Rome qui est celle de Raphaël, à Florence … : oui, elles témoignent des grâces dans l’ empire de la beauté qui s’ étend jusqu’ à Giacomo Manzù, de notre époque! Nous, les artistes nordiques, depuis Dürer jusqu’ à Hans von Marées et Anselm Feuerbach, nous devons surtout aux Italiens la notion d’ une forme plastique – par amour de la beauté évidente. Et cela vaut également pour le Français Eugène Delacroix pour qui une  image se devait d’ être une fête pour les yeux. Pour Platon déjà, le Bon, le Vrai, le Valable ne sauraient être pensés que par l’ engendrement dans l’ état du beau. L’ adjectif «schön» (beau) appartient au groupe sémantique «schauen» (regarder) et qui inclut les notions de « voir » et de «regarder». A la différence de « voir », « regarder » signifie plutôt «s’ appliquer à voir» et «contempler», au sens soutenu de la contemplation intérieure, spirituelle. Une telle vie se traduit en latin par «vita contemplativa» qui est celle des grands mystiques. En effet, Dina Savi est douée pour plonger dans la contemplation devant le sujet. –  «Sur le motif», cette formule de Cézannes est donc valable pour tous ceux à qui le sujet n’est pas resté lettre morte mais susceptible d’être émouvant voire magnifique. Quand une artiste nous rappelle les valeurs classiques des arts plastiques, on doit l’ en remercier, surtout à une époque dont les œuvres furent nommés  «Faire sans image»  par Rilke. A part cela, quant à Dina, nous avons affaire, à mes yeux, à une femme attrayante qui crée de façon autonome et par volonté instinctive. Est-ce bien juste ou pas très catholique ?  La nostalgie de la beauté compense en général des artistes qui sont naturellement désavantagés, voire laids!  Or, Leonardo était beau, sans faire des images laides pour autant. D’aucuns alimentent leur don par une belle âme qui ne manque même pas d’ esprit et de bon sens. Voilà tout pour vous inviter à visiter l’ exposition des originaux ;  de tout cœur je vous souhaite une  participation attentive.

Vieux maîtres contre avant-gardepar Gisbert Franken – Ni les avant-gardistes abstraits de la Villa Zanders ni les activistes invités par l’ AdK (cercle de travaux artistiques) sous la devise « città aperta » (ville ouverte) et qui avait pour but de donner de la valeur ajoutée à la créativité du centre-ville de Bergisch Gladbach, ne peuvent être résumés sous ce terme qui désigne la perfection des vieux maîtres. L’ art contemporain est l’ art dans un univers ouvert. Ouvert sans cesse à des essais répétés d’ interprétations. C’ est un art   fragmentaire et imparfait par définition. Mais elle existe toujours, l’ esthétique de l’ idéal. Dina Savi, née en 1957 à Belluno (Italie) et qui a choisi la ville de Bergisch Gladbach pour y vivre, en est une représentante. Ses travaux – elle préfère la craie et le charbon – respirent l’ esprit de la Renaissance. Temple de  la beauté:  le corps humain est la mesure de toutes choses, point de repère de  la perception et le sens esthétique pour l’ homme, et non seulement celui de la Renaissance. En sus des nus et des études de l’ humain, l’ artiste résidant à  Bensberg depuis 1996 nous offre aussi des natures mortes, aux teints terreux et paysans. Se servant de sa technique rustique d’ huile-sur-craie, elle nous donne l’ aperçu de ce monde-là, composé d’éléments de jouissance simples et grandes, la fascination pour une sensualité qui a incité pas mal de beaux esprits stressés à fuir les murs grisâtres des villes pour rejoindre les collines toscanes.

Les peintures ont quelque chose de méditatifpar Ursula Henze – Des portraits sans prétention, d’ un jet facile en apparence, elle passe à des natures mortes ou des drapés richement étoffés. Sur chacun des tableaux – tous sujets confondus – l’ objet et l’ immersion dans celui-ci règnent. «Les peintures ont quelque chose de méditatif», souligne Ursula Henze lors d’ un vernissage. Selon elle, du calme en émane, et ces tableaux représentent un point de repos sur un marché de l’ art très agité aujourd’hui. Au lieu d’ expériences stridentes et parfois douloureuses on trouve ici la concentration sur l’ essentiel: peu d’ objets, coloration modérée, toujours et derechef le corps humain ou le visage. Au regard des tableaux on ne se doute plus du travail accompli.

Au-delà de l’ agitation et la consommation, on sent des influences italiennes  dans les travaux de D. S.par Thomas Rausch – Des influences italiennes sont perceptibles dans les travaux de D. S.  Dans ses portraits et nus Savi essaie de captiver les personnalités de ses modèles très différents. « Cela a quelque chose à voir avec la vérité », dit-elle à propos de ses images de personnes. (…)  Par ses travaux elle montre un monde qui se situe au-delà de l’ agitation et de la culture de consommation.

Extrait d’ une interview avec Angela Sinesi dans le Corriere d’Italia – « Mon enracinement dans l’art » – Corriere :  Vous sentez-vous encore Italienne, après toutes ces années que vous avez passées à l’ étranger et après que vous avez dû quitter l’ Italie dès votre enfance ? – Savi :  Oui, peut-être que je me sens, d’une manière ou d’une autre, encore plus italienne que si j’ étais restée toute ma vie dans la patrie. De l’ autre côté, par cette vie ample et riche, je me suis rendu compte aussi que je dois trouver la patrie en moi-même. Le fait de me pencher sur l’art m’en fut indispensable. (…)